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   Du grand savant Stephen Hawkins, des salopes

                                                          
Le crâne est dégarni, le front une montagne sillonnée de plissements quasi-hercyniens.
Le visage, hermétique, reste tourné vers un monde intérieur indéchiffrable et sans intérêt
pour celui des vivants.
Les chaussettes sont trouées, toujours, en accordéon évidemment, et dépareillées, de même que les chaussures, éculées de surcroît.
Le slip kangourou, de coton blanc, déjà hideux à l'origine, sale et troué aujourd'hui, date de l'an 40, le pardessus, fripé, de Mathusalem : toutes sortes d'objets incongrus,
la plupart antédiluviens, en emplissent les poches, déformées, ainsi que celles du pantalon, du même vestiaire.
Le vieux pull, effiloché, sale et troué lui aussi, dégage une odeur de moisi, de pipi
de chat et de laboratoire de chimie confondus.

Enfermé la journée entière dans ce même laboratoire, tout autant que ses souris d'expérimentations et comme elles, ses quasi-compagnes, aussi peu ragoûtant, on aura reconnu dans ce portrait type le grand savant distrait pour qui le temps, la vie,
s'est un jour arrêté, il y a bien longtemps.
Un traumatisme survenu dans son enfance l'a laissé désemparé : un temps plus tard,
son inconscient a transféré cette impuissance dans une problématique scientifique, extérieure à la société, et qu'il s'est elle, juré de résoudre. Le possible de la science
a pris possession de cet être aliéné.


Avec Stephen Hawkins, nous pouvons reléguer aux oubliettes ce vieux cliché.
Le célèbre savant anglais, astrobiochimicophysicomathématiconobelico et je ne sais logiste quoi encore, dans le genre plus le corps est malingre et délaissé, plus l'esprit est réputé génial, fait bien plus fort que tous ces charlots.
Rachitique, blâfard, débile, tordu, SH est un film d'horreur à lui tout seul. La BBC en raffole, et adore nous l'exhiber. Incapable de faire un seul geste, il est paralysé des quatre membres s'il vous plaît, et ce jusqu'au bout des doigts!
Voilà une performance de star qui annonce un pur génie, débarrassé de ce corps matérialiste qui obscurcit l'intellect!

Il n'a même pas de voix! Un très grand, on vous dit!
Un appareillage complexe a été implanté dans la gorge de ce croisement tchernobylien de légume et de cancrelat pour que ses interlocuteurs puissent à peu près saisir le sens
de ses éructations baveuses.
Car il bave, l'animal! De sa bouche distordue, des se lèvres immenses, gluantes, obscènes, Il Magnifico salive sans discontinuer du matin au soir et du soir au matin,
les yeux révulsés du bonheur de mettre ce foutre plein son chariot. Petit coquin, va. Mais ça ajoute à son charme.



Ce chariot baveux, mais électrique, et ultra moderne (il a la télé, aussi?
Je suis sûr qu'il ne manque jamais un épisode de "Friends", quitte à décommander les conférences des plus importantes. C'est la petite Aniston qui l'excite, comme trois quarts des mâles de la planète? C'est bon signe, il y a de l'espoir.
Ah non, c'est un des mecs du feuilleton? Alors coupez, vite, ce n'est pas bon!), le chariot baveux donc, veut établir un lien entre la loi de la relativité, qui régit l'infiniment grand, et celle des quanta, l'infiniment petit. Eh bien, l'idée est sympa, je reconnais.
Vous voyez, je n'ai pas mauvais esprit. SH veut formuler la loi unique qui régirait tout l'univers : bâve, ô chariot magique, ce mec veut la totale, même si çà fait un peu savant fou de bande dessinée, ça y est, je suis le maître du monde, ah non, il manque encore juste un poil de trucmuche et c'est bon, voilà, çà y est, ahrg, non, je meurs.
                              
Mais dis-nous, machin, quel est le principe vivant qui relie ces deux lois, qui établit
des comparaisons entre les fourmis et les baleines, les microbes et les distances galactiques, sinon l'humain, qui les a formulées ? C'est l'humain, et seulement l'humain, le centre qui relie ces théories de l'infiniment grand, de l'infiniment petit.
Sans doute est-ce pour celà que SH cherche encore, car qu'est-ce que ce type a d'humain ? A jouer toute sa vie la comédie de l'esprit savant dans un corps débile, on n'est plus
un homme.

                              
Eh bien, la bête est homme pourtant, puisqu'elle a pris femme. Pas bien loin, il s'agit de son infirmière. Enchantée de pousser à longueur de journée le chariot baveux, au point de l'épouser. Et d'en avoir des enfants. Par l'intermédiaire d'une flopée d'éprouvettes congelées, dégelées, recongelées, redégelées sans doute, mais une femme, quand même.
Et ma foi, fort belle, et dotée d'un cul magnifique.
Allez comprendre les femmes!
                              
Eh bien, le voilà, le centre du monde, professeur Duchmolle! Le cul somptueux de cette superbe femelle!
Il suffit de tendre la main pour s'en saisir! Ah, c'est vrai, le petit nigaud ne peut pas!
Le centre du monde, producteur de l'infiniment petit, le spermatozoïde fécondé,
de l'infiniment grand, la société humaine, restera à jamais inaccessible à ce parkinsonien acharné! Alors qu'il se balance sous son nez, pulpeux, excitant à en baver à longueur
de journée! Ah, les salopes!



                              
                        
                                        François Dor,
                                                                Grèce,
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