This page created with Cool Page.  Click to get your own FREE copy of Cool Page!
                  oedipe.net             
       



           
La matière molle de Pierre-Gilles qui gêne.



Il ya quelque temps de celà, et comme soudainement atteints d'un prurit, prétendûment scientifique, mais franchement diarrhéique, les médias nous servirent à satiété le plat d'un nouveau savant, Pierre-Gilles de Gennes, et de sa découverte, ou prétendue découverte on ne sait, la matière molle.

C'est que celui-ci avait obtenu le Nobel pour le prix de celle-là.
Le Nobel! Alors un génie, pour sûr.
D'autant, voire surtout, qu'un génie, çà c'est vendeur, coco!
Prix Nobel, savant français, gloriole nationale : soit x copies donc, dont nous fûmes submergés au point que la tronche dudit savant parut un moment vouloir supplanter celle de Claudia. Un moment seulement, il est vrai : nous l'avons échappé belle!

Un génie, on vous dit. Car imagine-t-on un Nobel décerné à un demeuré?
Et bien pourquoi pas? L'imagination au pouvoir!

                              
Petit-enfant, Pierre-Gilles, comme tous les enfants, joue avec son caca. Avec délectation.
Avec la passion dévorante, exclusive, de l'observateur scientifique ?
Il n'y a là rien que de très normal.
Tout humain, et tout enfant, est fier de son ouvrage, et s'enorgueillit de l'exhiber.
Ainsi vint un jour où, comme tout enfant sain de corps et d'esprit, le petit Pierre-Gilles,
tout de coeur et d'allant, offrit gracieusement à son entourage l'objet de ses pensées les plus chères, de ses attentions les plus tendres, des ses gestes les plus touchants.

Gêne. Catastrophe. Le délice de délivrer son amour le plus mûr et le plus spontané,
le plus chaleureux et le plus palpable, le plus vibrant et le plus velouté, le fruit de ses entrailles, de ce long cheminement issu des fibres les plus intimes de ses chairs les plus profondes, de ce patient labeur mené avec tant de soins et de dévouement, l'oeuvre grandiose de toute sa vie enfin se voit rejettée séchement et sans recours par les dieux
qui guident depuis toujours son chemin, ses parents.

                              
Un monde s'écroule. Pas de Gennes. De pâte à modeler en ballon de foot, Pierre-Gilles,
en brave garçon obéissant aux desiderata de sa famille, aux valeurs des plus traditionnelles et très "comme il  faut" si l'on en croit la particule, surmontera cet effondrement pour intégrer Polytechnique.
Le goût viscéral de la matière molle ne l'a pas quitté pour autant.
De Gennes n'a pas oublié le plaisir de son premier travail :
il n'a jamais renoncé à la fierté de l'exhiber.
Cet "et moi" anal possède toujours son âme, tout son visage en atteste.
                              
Il présente le regard de faux-ahuri du vrai emmerdeur, un pif énorme, boussole démesurée d'une sensualité gargantuesque, toute en reniflements imperceptibles qu'avec répugnance on subodore aimantés par d'autres crottes que celles du nez.

Des cernes profonds, témoins accablants d'une obsession qui le ronge.
Des yeux chassieux, trempés dans l'incontinence de l'excrément qui s'était vu, jadis, refusé l'entier passage à la vie.
Deux grandes dents d'éternel gamin prépubère qui de même a refusé de grandir,
de jeannot lapin facétieux dont on ne sait jamais ce qu'il nous sortira de ses poches, lézard, billes, cailloux, herbes, cartes à jouer, insectes, préludes à une exhibition plus virile à laquelle tout garçon se prépare, mais ici sans l'innocence et la spontanéité de l'enfant, perdues, enfouies, couvertes d'une couche de cette matière fécale qui lui reste encore
sur la tronche et qu'il ne désespère pas de nous montrer, mais vicieusement désormais.

Tronche qui affiche en toutes circonstances un sourire ravi de cureton, faux niais
congénital trahi par une bouche obscène, trop ouverte, trop baveuse, aux lèvres trop épaisses, trop gluantes, et dont semble s'exhaler la perversion de relents lointains du
quasi-scatophage.
                              
La gêne causée par sa partie cul figure son être, jusqu'à son propre nom.
Elle est l'identité, la structure de sa vie. Ce faux-cul fera de la recherche de son fondement,
de sa matière, la matière de sa recherche fondamentale.
Rejetté une première fois par son entourage, c'est après un très long cheminement,
de plusieurs années cette fois, et par le biais de nombreuses équations, que l'ami Pierre-Gilles se fait un joie de nous ressortir, sans risque de voir son être étron nié,
car cette fois dans le monde du père, Polytechnique, CNRS et tutti quanti,
sa bonne vieille matière molle de derrière les fagots!
Merci, ami, de ce charmant cadeau!
                              
Tant de persévérance voit enfin le chef-d'oeuvre récompensé, et par un Nobel!
Quelle jouissance de se répandre sans plus aucune retenue dans les médias sous les bravos du public!
Sacré Gennes! C'est qu'il a de la suite dans la libido refoulée, celui-là!
                              
Le Nobel a été décerné à un exhibitionniste anal refoulé, demeuré fidèle à ses profondes
et onctueuses émotions infantiles. La très honorable et très vénérable institution du prix Nobel se verra-t-elle dynamitée par un bâton merdeux?
Ne cours pas, ami Pierre-Gilles, la matière molle est sous ta semelle!
                              
                              
                                                             François Dor,
                                                                  Grèce
<< Accueil                                              juillet 1998.                             Suivant >>