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       Porteuses de nattes, porteuses d'amour


Saisie, secouée, caressée, fouettée, portée à la bouche, suçotée, reniflée,
par des gestes experts et répétés, vifs et tendres, gracieux et malicieux,
quel homme ne souhaiterait voir subir un tel traitement de sa chose?
Tous les espoirs leur sont permis, car il s'agit là de la vie que mettent les jeunes filles dans leur natte.

Fine ou épaisse, courte ou longue, érigée ou pendante, soumise ou rebelle, lustrée et soyeuse, celle-ci fait l'objet d'un culte précieux servi par d'adorables vestales.
En lauriers, la charmante enfant fait l'offrande d'elle-même, et aspire à succomber à quelque vainqueur viril.
Souvent, ces petites biches s'assurent par des manipulations gracieuses de son existence, de sa place, de sa forme, de sa consistance. Elles aiment à en jouer.

Douces et aimantes, ces nymphettes auréolées de lumière aspirent à être la femme de la chose, s'y préparent dans ces nattes longtemps tressées, et s'en impatientent.

Que ne donnerais-je pour être à la place de ces nattes!
La sublime enfant connait un tourmenteur, le tireur de nattes.
Hideux, odieux, vicieux, ce pourceau grossier, infect, est l'ennemi de la grâce, de la beauté,  de l'innocence lumineuse, tendre et charmante de l'amour pur.
Ce soudard qui ricane de violer le sacré doit être éradiquer sans pitié de la société.
Cette canaille n'est pas de la race des humains.


Futur escroc, futur assassin, c'est lui qui s'agenouille le premier devant le curé, tête baissée, et proteste de son innocence en psalmodiant plus fort, plus longtemps que
les autres; c'est lui qui agite avec brutalité la clochette du crime pour couvrir les protestations de ses victimes.
C'est lui qui brandit la hâche du père castrateur, du pouvoir mafieux qui mutile la vie du peuple.
C'est lui qui, sournois, prosterne son vice devant l'autorité pour s'en blanchir.

Les porteuses de nattes sont porteuses de l'amour.
La civilisation doit vénérer et protéger ces vestales délicates comme le plus précieux des trésors, car ces adorables enfants sont le temple de la vie.


                                                           François Dor,
                                                            Provence,
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